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ORKADIS - Portrait d'un jeune Entrepreneur Jules CROIBIER ECAM 2016 EEM Lyon
Quelques mots sur ton parcours ...
J’ai fait un DUT Génie Thermique et Energie à Grenoble. Par la suite en alternance à l’ECAM, j’étais chez Vinci Facilities à Saint Priest où j’ai occupé des postes d’ingénieur méthode et de responsable adjoint sur les sites d’exploitation et de maintenance ; en particulier sur les laboratoires Biomérieux. Par la suite, j’ai fait mon stage de 4 mois aux Pays Bas dans la région d’Amsterdam ; toujours chez Vinci Facilities, en tant qu’ingénieur déploiement (déploiement d’un portail informatique pour les clients). Etant donné que j’avais déjà mené ce type de projet en France et que les hollandais voulaient se doter de cet outil.
Après l’ECAM, j’ai quitté Lyon et je suis parti sur le secteur de Tignes où j’étais responsable d'exploitation pendant 2 ans. J’ai travaillé sur des chantiers en maintenance et travaux neufs au niveau CVC (chauffage / ventilation / climatisation). J’avais à ma charge 50% du secteur de Tignes. Nous étions une équipe de 7 (5 techniciens – 1 chef d’équipe et moi-même en tant que responsable). Un travail intéressant avec tous les enjeux de la montagne. Le but était de revenir un peu aux sources étant moi-même un enfant de la montagne.
Par la suite, je suis sorti de ce secteur d’activité en janvier 2020. J’ai fait une pause entre janvier et juin 2020. Puis, en juin 2020, mon associé et moi avons commencé à travailler sur la création de cette entreprise qui s’appelle ORKADIS.
de droite à gauche : Jules CROIBIER ECAM Promotion 2016 EEM Lyon et son associé Rémi CHATAING
ORKADIS
Pourquoi le nom ORKADIS ?
ORKA c’est pour « énergie » en islandais puisque l’Islande est pour moi un modèle en matière de gestion énergétique
DIS pour Dimensionnement Ingénierie et Solutions
Nous avons essayé de trouver un nom original. Normalement, le seul autre Orkadis qui existe est un restaurant thaïlandais donc ça va !
ORKADIS c’est quoi ?
ORKADIS propose 3 « produits phares » :
- L’étude et le dimensionnement du bâti RT2012 / RE2020
- L’accompagnement à la rénovation énergétique d’un bâtiment
- Le DCE des lots CVC, plomberie, SSI et courants forts/faibles pour les bâtiments neufs et la rénovation
L’idée c’est d’accompagner le maître d’ouvrage ou l’architecte dans les démarches de construction ou de rénovation : faire le suivi de projet, consulter les entreprises, effectuer les plans CVC – plomberie – électricité, fournir toutes les attestations obligatoires et être le support technique pour le client sur le chantier en phase d’exécution.
Nous nous adressons aux particuliers, aux collectivités et aux professionnels de tous secteurs.
Pour des exemples de réalisation, nous venons de finaliser un chalet de 250m² de luxe à Megève et 6 villas individuelles sur Chambéry.
Nous travaillons avec les chauffagistes qui ont des besoins d’étude pour rénover certains systèmes énergétiques
Actuellement, nous travaillons sur un hôtel à St François Longchamp (Maurienne). Le client souhaite passer de fioul au gaz et le chauffagiste n’est pas à l’aise sur ce qu’il faudrait installer. Nous suivons le bâtiment et nous faisons un rapport pour préconiser une technologie ou un système en particulier ; puis nous allons sur place pour vérifier la qualité de la mise en œuvre.
La dernière partie que nous cherchons à développer c’est l’audit énergétique instrumenté et l’accompagnement au décret tertiaire.
Nous serons certifiés OPQIBI en mai 2021, ce qui nous permettra de faire des audits pour les copropriétés mais également pour le tertiaire, étant donné qu’un décret est sorti impliquant que toutes les entreprises de plus de 1000m2 devront réduire leur consommation énergétique de 40% d’ici 2030. C’est énorme, c’est un bouleversement du milieu property management ; par conséquent, il va y avoir des besoins d’accompagnement de ces entreprises.
Quid des effets de la COVID sur votre projet ?
Ça a plutôt bien démarré pour nous malgré le second confinement. Nous avons été immatriculé début Octobre 2020.
Nous ne sommes que sur 5 mois d’historique mais nous n’avons pas à nous plaindre de l’activité. Ça se passe plutôt bien, nous sommes juste au-dessus de notre prévisionnel.
DÉFIS
Pourquoi devenir entrepreneur ?
Deux raisons à cela (personnelle et professionnelle)
Première raison majeure : nous avons surtout monté cette entreprise pour nous retrouver éthiquement au niveau professionnel
Quand j’étais en exécution/exploitation/maintenance, on me disait souvent ce qu’il fallait faire et pour moi, de cette manière, on ne peut pas faire changer un peu les choses
En étude, on intervient avant le projet, on en définit les contours et ce n’est que maintenant que j’arrive à me dire OK, je fais partie ne serait-ce qu’un peu de cette transition énergétique.
Deuxième raison : Je fais toujours du sport à haut niveau en tant que parapentiste et je n’avais plus la possibilité de m’entrainer pour faire les championnats. Par chance, l’année dernière, j’ai réussi une compétition qui m’a permis d’être qualifié cette année pour la coupe du monde. Je suis donc très heureux de pouvoir organiser mon temps ! Je peux me permettre de travailler avec des semaines très chargées un temps pour ensuite me dégager quelques jours propices à l'entraînement.
’’Sportif de haut niveau, j’ai besoin de gérer mes priorités et mon temps comme je veux & au niveau professionnel, je voulais me retrouver éthiquement’’
Quel conseil donnerais-tu à de jeunes ingénieurs qui auraient envie de se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Je conseillerais dans un premier temps d’attendre un petit peu, de ne pas créer son entreprise tout de suite après les études.
Je voulais déjà être entrepreneur quand j’étais à l’école. Alors ne vous dégoûtez pas de l’entrepreneuriat en allant trop vite. Parce que c’est un truc super, on s’éclate, mais mon associé et moi nous nous serions, je pense, nettement moins éclatés si nous avions monté cette entreprise tout de suite, fraichement diplômés, sans aucune expérience au préalable.
Vient également l’aspect financier où c’est tout de même une prise de risque importante. A la sortie des études, il vaut mieux privilégier une certaine sécurité financière.
Est-ce que tu as d’autres défis personnels/professionnels que tu aimerais partager/évoquer, est-ce qu’il y a quelque chose d’autre qui t’anime ou qui te définis ?
Nous sommes deux associés, deux « collègues de DUT » mais nous nous sommes connus surtout grâce au sport... Et nous aimons nous lancer des défis sportifs un peu fous.
Il y a deux ans, nous avons fait le GR20 (traversée de la Corse) en 5 jours. Nous préparons l’Echapée Belle cette année, un beau petit trail de 65km !
« Lorsqu’on arrive à partager avec d’autres nos passions, nos défis pro et perso on s’approche un peu du bonheur »
D’un côté plus personnel, je prévois 2 coupes du monde cette année en Turquie et en Argentine avec également la traversée des Alpes en parapente lors de la Red Bull X Alps.
Il faut un peu de temps pour comprendre cela mais c’est quand même le but ultime...le bonheur !
Nous avons un autre petit projet sympa, nous essayons de travailler sur les refuges de montagne. L’idée reste de joindre l’utile à l’agréable.
ADN
Pour toi Ingénieur c’est quoi ?
Quand j’étais au lycée, je croyais qu’un ingénieur c’était quelqu’un de bon techniquement. Ce qui est vrai mais je rajouterais deux caractéristiques « phares » pour définir le métier.
La première c’est de savoir s’adapter à n’importe quelle situation. Aussi bien en matière technique qu’au niveau du savoir-être.
Si nous arrivons à communiquer, si nous arrivons à nous faire comprendre, cela dépasse largement l’importance de la maîtrise du savoir-faire. La technique on peut l’apprendre mais le savoir-être, c’est très dur à acquérir.
La deuxième composante essentielle serait d’avoir un œil avisé. Ne pas tenir pour acquis notre vérité d’un jour, ne pas croire que cette certitude va forcément durer pour la vie. Il faut pouvoir écouter différents « sons de cloches » pour se faire soi-même son opinion. Cette opinion est susceptible de se modérer à beaucoup d’égards. Par exemple, avant, j’étais complètement, totalement, anti-nucléaire et plus ça va, plus je me range dans le camp opposé.
Ébranler ses certitudes, c’est ça la clé...
Si je résume en trois mots, Adaptabilité – Savoir être – Ouverture
C’est certain que quand on fait, comme moi, le choix de travailler dans l’industrie puis de travailler en montagne, il est indispensable d’utiliser d’autres méthodes. L’enjeu c’est d’arriver à s’adapter le plus vitre et le mieux possible. Puis, avoir le souci de s’intéresser réellement à ce qu’on fait « est-ce que ce que je fais sert à quelque chose, à quelqu’un ? Est-ce que je suis raccord avec mes convictions ? »
"Le savoir être, c’est le truc le plus important !"
Pour toi le Réseau c’est quoi ?
C’est avant tout une fierté. Lorsqu’on arrive dans une société où lorsqu’on dit qu’on est ingénieur, on est souvent « bien vu » même si le métier d’ingénieur s’est un peu démocratisé. De manière générale, c’est important et intéressant de pouvoir garder une connaissance de ce que font les autres pour se questionner, se réinventer.
Nous avons fait la même école, nous sommes liés par l’ECAM donc nous devons profiter du réseau qui s’offre à nous. Nous devons nous appuyer sur notre appartenance et nous soutenir les uns les autres car c’est toujours « gagnant/gagnant ».
J’ai accepté avec plaisir de faire ce « Zoom Sur Orkadis » pour témoigner de mon expérience. Si quelqu’un lit l’article et est touché, c’est gagné. Peut-être cherche-t-il un bureau d’étude thermique ? Peut-être est-ce le début d’une nouvelle aventure ?
Et si je devais travailler pour un autre ECAM, j’aurais potentiellement trouvé un client mais également un « partenaire ».
Quel conseil donnerais-tu à la promo sortante ?
Plus tard, si vous ne vous sentez pas bien dans votre boulot, pensez-y et changez !
Pas sur un coup de tête mais ne vous bloquez pas, jamais !
Si vous n’êtes pas bien dans la machine des grosses entreprises, si cela ne vous convient pas - Changez ! Vous n’êtes pas irremplaçable quand vous travaillez dans une grosse entreprise. Moi en tout cas, je suis très content de m’être mis en mouvement.
« Le Réseau c’est d’abord une fierté. »
LE MOT DE LA FIN
Tout d’abord, merci Vanessa pour ta proposition.
Je suis très content d’avoir fait l’ECAM. J’ai passé trois superbes années à Lyon dans un cadre vraiment exceptionnel et je remercie cette école car elle permet d’ouvrir beaucoup de voies.
Le plus important c’est votre santé, votre vie sociale et votre famille. Il faut bien entendu s’épanouir professionnellement et gagner sa vie mais prenez votre temps ; vous allez trouver où vous souhaitez aller. « Ne vous cramez pas tout de suite ».
Il y a une allégorie du PDG de Coca Cola qui m’a toujours plu et je pense finir là-dessus :
Imaginez la vie comme un jeu dans lequel vous jonglez avec cinq balles. Ces balles représentent : le travail, la famille, la santé, les amis et la vie spirituelle. Vous vous rendez compte rapidement que le travail est comme une balle en caoutchouc. Si vous la laissez tomber, elle rebondira et vous reviendra. Mais les quatre autres balles : la Famille, la Santé, les Amis, et l’Esprit sont fragiles comme le cristal. Si vous laissez tomber l’une d’elles, elle en sortira inévitablement éclatée, ébréchée, abîmée, voire même brisée. Jamais elle ne redeviendra la même.
Merci infiniment à Jules CORBIER de s’être prêté au jeu de ce "Zoom Sur" sans réserve, avec enthousiasme et générosité.
- L’équipe du Secrétariat Général ECAM Alumni -
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de l’Association des Ingénieurs ECAM Lyon-Starsbourg
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Interview réalisée par Vanessa GHISOLFI
Mise en page réalisée par Axel VAUTRIN